Ce blog a plus de trois ans déjà. Il est temps, je pense, pour moi comme pour ceux qui m’ont fait l’amitié de me lire, d’éviter de tomber dans une certaine lassitude.
C’est dire que je sens le moment venu de changer la formule pour ne pas me complaire dans les redites, ne pas chroniquer des livres qui se ressemblent trop ou qui, s’agissant de la pratique de la photographie, reprennent inlassablement les mêmes thèmes ou les mêmes idées.
Je me dois de remercier les éditeurs qui m’ont fait confiance ces dernières années. Leur travail mérite notre intérêt mais aussi notre reconnaissance car ils n’ont pas la partie facile, tout particulièrement ces derniers temps. Les livres de photographes surtout ont trop de mal à trouver leur public. Le fait que tout le monde aujourd’hui peut se croire photographe ne contribue pas à mettre en valeur ce qui tranche avec le narcissisme ambiant.
Sachez que je garde toute ma curiosité pour la photographie artistique et que je continuerai de défendre mon l’amour des « belles images », d’une photographie qui traduit, avec les outils de cet art, une émotion, une sensation ou une perception de la réalité.
Je suis de plus en plus convaincu par ailleurs qu’il importe, pour ne pas s’y perdre et y perdre son temps, de garder la bonne distance avec les réseaux sociaux, même ceux que l’on dit indispensables — pour combien de temps du reste?
Je me propose donc de réfléchir à d’autres contenus et de me laisser porter dorénavant par d’autres envies, en me promettant de continuer d’écrire sur la photographie et sur d’autres choses comme de m’exprimer par d’autres moyens encore.
Tout cela sans oublier de faire mes propres images et de les partager sur mon site ou en galerie.
Nous nous retrouverons bientôt si vous le voulez, ici, là-bas ou ailleurs.
Photographaphe spécialisée dans le tourisme, Amélie Amiot partage sur son blog son « appétence particulière pour les belles images ». Son activité lui a valu de remporter le prix du Carnet de voyage numérique à la Biennale de Clermont-Ferrand de même qu’un prix récompensant le meilleur blog de voyage français. Elle publie chez Eyrolles un Guide photo pour les voyageurs (*).
Un préambule assez long s’attache à la préparation du voyage (le type de photos recherché, les repérages, les interdits) et à la sélection du matériel et des accessoires, y compris le choix du sac. L’ouvrage se penche alors sur la photo de paysage, première composante, simple et compliquée à la fois, de la photo de voyage: choix des focales, attention à la lumière et aux conditions méteo, composition, respect ou non de la règle des tiers, réalisation d’une photo en pose longue.
Mais le voyageur-photographe voudra aussi fixer des visages, des sourires et des regards, ce qui soulève la question du comportement: être au bout du monde ne doit jamais faire oublier le respect, sachant qu’un bon portrait peut fort bien découler d’une belle rencontre ou d’un sourire partagé. Amélie Amiot partage trucs et astuces pour les situations souvent rencontrées en voyage (photographier depuis la fenêtre d’une voiture ou d’un train), donne quelques pistes pour photographier les animaux, exotiques ou non, ou encore pour mettre en valeur un monument ou un site plus ou moins fréquenté (en évitant les touristes ou en les effaçant des images).
Comme son titre l’indique, ce petit livre s’adresse au voyageur désireux de ramener de belles et bonnes images plutôt qu’au photographe averti ou spécialisé. Il est illustré de vignettes nombreuses mais forcément petites car le format du livre se veut essentiellement pratique. Et de conclure qu’une bonne photo de voyage sera souvent le produit d’une alliance entre un beau lieu ou une belle histoire et des qualités techniques avec le petit « truc en plus » provenant de l’émotion dégagée.
(*) Guide photo pour les voyageurs. Aurélie Amiot. Editions Eyrolles. Broché, 176 pages, format 15 x 19. 18 €.
Photographe professionel depuis près de 40 ans, Michael Freeman a publié 78 livres traduits en 28 langues sur la pratique de son art. Parmi eux figure en bonne place L’Oeil du photographe et l’art de la composition, un grand succès du genre. Quinze ans après cette parution, Freeman revient sur le sujet sous la forme d’une masterclass et dans un ouvrage inédit (*).
Désignée et traitée ici comme l’outil le plus puissant pour exprimer la personnalité du photographe, la composition réussie, selon Freeman, est le résultat d’un effort et d’un entraînement constant pour se figurer comment une scène peut être traduite en image. « La plupart des photographes sérieux », dit-il, y pensent en permanence (…), même quand ils ne tiennent pas d’appareil photo ».
Mais comment les images sont-elles regardées et comprises? Pour générer l’intérêt et retenir l’attention, autant avoir quelques notions sur l’angle et le champ de vision. Des avancées sont intervenues ces dernières années dans les technologies de suivi du regard (eye tracking), qui mesurent en quels points et comment un observateur regarde une photo. Il n’empêche que les différences peuvent s’avérer marquées d’un observateur à l’autre.
Freeman explique ensuite les outils de la conception d’une image, à commencer par le point de vue (« de tout votre équipement, les deux éléments les plus utiles sont sans nul doute vos pieds ») ainsi que les optiques. On continue avec la façon de traiter les lignes, d’aplatir, de comprimer et d’organiser les formes. Freeman propose des schémas, du découpage à la suite de Fibonacci, la fameuse spirale liée au nombre d’or, tirant son nom du mathématicien médiéval qui l’a popularisée en sciences comme dans les arts.
On ne regarde pas une image comme on regarde le monde réel. Une image a des bords qui nous poussent à chercher dans le cadre ce qui peut être intéressant.
Michael Freeman
L’ouvrage fait naturellement la part belle aux photographies impeccablement justes de Freeman, qui illustrent les notions et le propos pour chacun des chapitres. Un livre qui donne les clés pour penser son cadrage, exercer son regard, acquérir et revendiquer son style. Ne reste plus qu’à suivre les enseignements du maître.
(*) La composition. Michael Freeman. Les Masterclass. Adapté de l’anglais par Franck Mée. Editions Eyrolles. 1è édition 2022. 176 pages, broché, format 19 x 23,5. 23 €
Saluons la réédition de cet ouvrage destiné en priorité aux pros mais pas seulement. Pour vivre de son art, il faut le vendre et pour bien en vivre, il faut aussi bien savoir le vendre. Le livre d’Eric Delamarre permet au photographe d’apprendre à évaluer correctement ses prix et ses prestations. Mais l’ouvrage aborde également le cas des ventes des tirages d’exposition, fournissant aux auteurs, même amateurs, des indications bien utiles et des repères très précieux pour estimer la valeur de leur travail… ou de leur passion.
Les tarifs et le devis du photographe. Eric Delamarre. Collection Photographe Pro. Deuxième édition. 142 pages, format 14×20, 22 €.
Brian Lloyd Duckett est un photographe britannique, spécialisé dans la photographie documentaire et la « street photography ». Une version française de son dernier ouvrage, dans lequel il propose 52 défis pour photographier en noir et blanc, est récemment parue chez Eyrolles (*).
Le modèle de ce type de manuel consiste à fournir 52 fois sur une double page (soit pour une fois par semaine, mais il n’est pas nécessaire d’accepter ce schéma) un « challenge » à relever dans un domaine de la photo, avec des idées, des astuces et des suggestions techniques. A prendre comme un petit guide pour essayer d’autres choses, sans craindre de faire des erreurs.
S’agissant du noir et blanc, vaste sujet au demeurant, Duckett invite, par exemple, son lecteur à prendre des clichés comme Cartier-Bresson, à réinventer le selfie, à trouver le bon angle ou à traduire la beauté des surfaces. De quoi mieux saisir la lumière et les ombres, les formes et les textures, en acceptant de voir le monde en noir et blanc.
Est-il préférable de photographier en couleurs et de convertir par la suite en noir et blanc lors de l’édition, ou faut-il utiliser le mode noir et blanc de l’APN? Duckett n’entend rien préconiser, même s’il préfère pour sa part opérer en RAW et traiter ses images a posteriori. Quitte, si on opte pour le RAW+Jpeg, à activer le mode monochrome afin de pouvoir visualiser l’image telle qu’on souhaitera l’exploiter.
Les 52 projets sont, comme à chaque fois, brièvement consignés dans un livre à petit prix et à petit format, qui trouvera facilement sa place dans un sac. De petits espaces sont réservés pour y noter ses expériences et l’ouvrage peut passer pour un cahier d’exercices.
Voilà pour le principe. S’agissant du noir et blanc, Duckett ne manque pas d’interpeller en préambule ceux qui pourraient s’interroger sur l’utilité de se priver aujourd’hui de la couleur. Sa réponse sonne comme une évidence: la pratique et la compréhension du monochrome incitent bien à simplifier la composition, à évaluer la lumière, à comprendre la photographie, tout simplement.
David Yarrow, photographe britannique (écossais pour être précis) né en 1966, jouit depuis quelques années maintenant d’une grande réputation pour son travail sur le monde animal et les espèces en danger. Pas très loin d’un Nick Brandt sans doute mais oeuvrant sur un terrain géographique plus large et d’une manière plus immersive, cet ambassadeur pour Nikon apporte par son activité, également philantropique, sa contribution au mouvement conservationniste.
Une exposition David Yarrow est accessible en ce début d’année et jusqu’au 12 mars à la A. Gallerie à Paris (*).
Dans le même temps, après ceux consacrés à Joël Meyerowitz et Albert Watson, un troisième livre tiré de la série « Masters of Photography » paraît chez Eyrolles (**). En 20 courtes leçons, David Yarrow y fait part de son savoir-faire et de son expérience, depuis ses débuts dans la photographie de sport. Le jeune David Yarrow saisit à 20 ans le footballeur Diego Maradona brandissant le trophée après la victoire de l’Argentine dans la Coupe du Monde de 1986. L’intérêt et le succès rencontrés par le cliché s’expliquent par l’emplacement judicieusement privilégié du photographe et par le regard du génie du ballon rond fixé sur l’objectif. Cette image restera emblématique de l’événement comme d’une époque de la photographie sportive d’avant l’auto-focus.
Auteur d’un parcours très particulier, celui qui fut ensuite banquier et même propriétaire d’un fonds d’investissement avant de se consacrer définitivement à la photographie distille dans ce condensé ses conseils de composition et de perspective comme de comportement dans les milieux naturels dangereux. Il raconte comment il se positionne ou positionne son déclencheur à distance car les modèles de Yarrow ne sont pas toujours pacifiques.
La « marque » photographique David Yarrow se décline en noir et blanc. Elle se caractérise par une netteté parfaite, valorisée au tirage confié à son complice Joe Berndt. Parmi les autres recommandations, Yarrow souligne l’importance du travail en amont de la prise de vue: « J’ai réalisé mes meilleurs clichés en quelques secondes mais j’y ai investi des heures de recherches », souligne-t-il. Mankind, son cliché de vachers pris en 2015 au Sud Soudan et qui a largement contribué à son statut actuel, doit beaucoup à cette préparation méticuleuse.
Si le type de photographie qui a fait son succès justifie forcément de tels soucis, Yarrow se dit persuadé qu’il est essentiel d’anticiper pour réfléchir sur le type d’image que nous voulons capter et que cela se vérifie pour tout type de photographie. La recette mais surtout le talent de l’homme ont fait de lui en quelques années l’un des photographes les plus côtés et les mieux payés du monde. Ses tirages ont souvent le format d’une table de billard ou plus. Il entend en faire des objets de convoitise et assume son propos. Cela lui vaut parfois des critiques mais lui permet aussi de lever des fonds pour des associations caritatives. Un juste retour des choses pour un photographe qui reconnaît avoir beaucoup pris au monde naturel.
L’ouvrage comprend les photographies les plus célèbres et les plus saisissantes de Yarrow, illustrant son approche qui ne consiste pas à documenter le comportement des animaux ni à faire du photoreportage. Chez Yarrow en effet, l’appareil est un outil au service du photographe et de son ressenti: « Commencez toujours par la question qu’est-ce que j’essaie de photographier, puis déroulez le processus ».
L’ambition de David Yarrow reste bien de créer des photos artistiques, des images qui se suffisent à elles-mêmes, avec leur profondeur et l’émotion qu’elles dispensent. C’est le coeur et la finalité de sa pratique. Et l’émotion dans ses images naît souvent du regard et des yeux de l’animal.
Comme pour les autres livres de cette série, les lecteurs désireux de voir le maître à l’oeuvre pourront se plonger dans les vidéos. La bande d’annonce de la Master Class de David Yarrow, disponible en français chez Maitres photographes, est ici.
(*) David Yarrow. A. Gallerie. 4 Rue Léonce Reynaud, 75116 Paris. Ouvert du lundi au vendredi 10>13 & 15>19; samedi 12>19.
(**) David Yarrow, Une vision de la photographie. Editions Eyrolles, collection Masters of Photography. Broché, 128 pages, format 14,5 x 20; 15,90 €.
Alors que nos magazines photo de langue française connaissent des soucis de rentabilité et de diffusion (témoin la très regrettable disparition, pour de multiples causes, du Monde de la photo), les publications d’ouvrages spécialisés sur la pratique et les domaines de la photographie ne font décidément pas défaut. Peut-être faut-il y voir le signe d’une évolution où, à côté des utilisateurs de smartphone n’ayant d’autre souci que de fixer à la chaîne des images éphémères, un public plus restreint mais aussi plus averti et avide d’approfondir ses connaissances cherche encore à mieux maîtriser la technique ou à trouver l’inspiration en fonction de ses intérêts particuliers.
Dans Les secrets de la photo de nature onirique (*), nouvel opus de la même collection, Myriam Dupouy se propose d’aider le photographe passionné de nature à « dénicher la clé des songes » dans les paysages qui l’entourent, à traduire en images des atmosphères mystérieuses, à sublimer une émotion et surtout à paufiner une narration photographique pour transmettre à travers des images de la poésie et de la féérie.
Puisque « les rêves sont des images » et qu’ « alors les images peuvent être des rêves », le photographe est naturellement l’un des mieux placés pour illustrer nos rêves. Myriam Dupouiy introduit son sujet dans une première partie plutôt « philosophique »: convenons avec elle que « notre personnalité, nos états d’âme ressortent de nos photos », du moins tant quand il ne s’agit pas d’un travail de commande – encore que….
Formatrice pour la Nikon School, la Fédération Photographiqe de France et le Festival de l’oiseau et de la nature, l’autrice nous entraîne alors à la découverte des ambiances qui ouvrent la porte de l’imaginaire, à commencer par la brume qui plonge dans le mystère, par les merveilles de la forêt avec ses couleurs vives, ses feuillages éclairés ou encore ces trouées qui permettent de mettre en valeur un sujet. Myryam Dupouy dispense ses conseils de prise de vue pour l’heure bleue et l’heure d’or, ces moments magiques qui peuvent donner du fil à retordre au photographe, pour la pratique du low key et de son contraire, le high key. Comment faire pour plonger le spectateur de vos photos dans une atmosphère éthérée, dessiner avec la lumière et animer son « petit théâtre d’ombres » (Robert Doisneau).
L’eau dans tous ses états, y compris la neige et les nuages, ont forcément voix à leur chapitre de même que la nuit, ce berceau des rêves qui fournit prétexte ou oblige à pousser son matériel pour en tirer des effets qui ne pourront toutefois brouiller la lisibilité. On aborde aussi la macro et les possibilités qu’offrent la profondeur de champ, le recours au flou et au bokeh.
Illustré des images de la photographe, l’ouvrage se clôt sur d’autres techniques portant à l’onirisme tels la surimpression ou le « boîtier-pinceau », entendez le fait de se servir de son boîtier comme d’un pinceau pour créer des effets de bougé ou obtenir des tableaux impressionistes. Quoi de plus naturel, en somme, puisque cette école de peinture est aussi redevable au développenent de la photographie.
Et Myriam Dupouy d’avouer, en conclusion, que s’il ne fallait retenir qu’une seule chose de cette lecture, c’est bien que « ce n’est pas la photo de nature qui est onirique mais la nature elle-même ». D’où l’importance d’apprendre à voir autant qu’à photographier.
(*) Les secrets de la photo de nature onirique. Emotion-Narration-Ambiances-Techniques. Myriam Dupouy. Editions Eyrolles, Collection Secrets de Photographes. Broché, 176 pages, format 17×23 cm, 24 €.
On connaît le talent pédagogique de Gildas Lepetit-Castel. Ce photographe, formateur et éditeur indépendant, nous aide à penser autrement la photographie, selon une démarche axée sur la créativité, et nous a aussi expliqué comment concevoir son livre de photographie. On saluera la réédition de son ouvrage consacré à la photographie de rue, une pratique qui a fatalement subi l’impact de la crise sanitaire, d’autant que le port du masque a encore changé la donne. Reste à espérer que les photographes retrouveront bientôt et pleinement ce terrain pour capter, comme le dit Gildas, « autant de petits rectangles d’émotions sincères ».
Cet ouvrage très riche, brillamment illustré des photographies de l’auteur et qui fait désormais référence, remonte aux origines. Plutôt que de tenter une définition de la photo de rue, il commence par s’interroger sur ses finalités, sachant qu’il y a autant de regards que d’auteurs/photographes sur nos lieux publics, sur l’humain et sur son cadre de vie.
Pratique et toujours intéressant grâce à la personnalité et à l’originalité de l’auteur, le livre traite les questions de l’équipement, des réglages, des repérages, de l’attitude du photographe face au sujet ainsi que les problématiques spécifiques à l’éditing. Des images expliquées fournissent autant d’exemples de composition et de narration, pour utiliser le décor, jouer avec les lignes et le contre-jour. Un cahier pratique permet de faire ses gammes et de gagner en assurance en développant les bons réflexes en situation réelle. On lira avec intérêt également les témoignages recueillis par Gildas d’autres photographes qu’il apprécie tels Jean-Christophe Béchet ou Bernard Plossu, ce qui brosse un joli panaroma d’approches de la photographie de rue et rend l’ouvrage décidément très complet. A recommander sans hésitation.
Les secrets de la photo de rue. Approche-Pratique-Editing. Gildas Lepetit-Castel. Editions Eyrolles, collection Secrets de Photographes. Broché, 240 pages, format 17×23 cm, 26 €.
Vous avez peut-être, comme moi et les successeurs de Monsieur Jourdain, pratiqué longtemps mais sans le savoir cette forme de photographie. Puisque l’appellation s’est imposée, la photographie dite de style de vie a, elle aussi, trouvé sa place dans cette collection. Plutôt que le « énième truc à la mode », Baptiste Dulac, photographe de famille et de mariage, y voit une approche spécifique qui renouvelle le genre en saisissant des portraits de personnes dans des situations quotidiennes et des événements de manière artistique.
Antithèse revendiquée de la photo posée en studio, la photo « lifestyle » désormais étiquetée comme telle se donne donc pour ambition de capturer « de vrais moments de vie dans un cadre naturel, de saisir les gens tels qu’ils sont, de montrer les liens qui les unissent et de révéler les émotions. » Ce qui n’empêche pas — comment contredire le propos? — de vouloir s’informer et se documenter ici aussi sur l’équipement et la composition de l’image, sur la qualité et le bon usage de la lumière et sur les utilisations judicieuses du post-traitement. Pour donner peut-être, avec d’autres outils qu’un smartphone, une plus longue vie aux photos de vos proches.
Les secrets de la photo lifestyle. Portraits spontanés-Lumière-Composition. Baptiste Dulac. Editions Eyrolles, Collection Secrets de Photographes. Broché, 208 pages, format 17×23 cm, 26 €.
Voici déjà, à l’approche des fêtes, un livre destiné aux amateurs en panne d’inspiration ou désireux de trouver, au fil de l’an, de nouveaux sujets pour une pratique créative de la photographie. Photographier mois après mois, sous-titré Une année de pratique photo (*), ne s’embarasse pas trop de jargon mais contient un peu de technique tout en multipliant les propositions, quels que soient votre matériel, la couleur du ciel ou les conditions d’éclairage.
Surnommé le « photographe au chapeau mou », Tom Ang est un homme polyvalent, aussi à l’aise dans une séance photo classique que dans l’animation d’émissions de télévision sur une chaîne de la BBC. Né à Singapour en 1952, ce spécialiste de la photographie de voyage et notamment de l’Asie centrale, est un Ambassadeur pour Sony Digital Imaging.
Basé aujourd’hui en Nouvelle-Zélande, Tom Ang est l’auteur de nombreux d’ouvrages sur la prise de vue et la retouche d’images numériques. Son Digital Photographer’s Handbook a fait l’objet de publications en une vingtaine de langues. On pourra consulter en édition française Le guide de la photo numérique et Toutes les techniques de la photo numérique.
Pour chaque mois, Ang nous suggère ici, à raison d’une double page par proposition, une douzaine de sujets ou de thèmes à explorer. Janvier, par exemple, devrait permettre de photographier les formations de glace, les beautés du givre et de ses effets magiques sur un paysage, le foliage ou une boîte aux lettres. C’est aussi l’occasion de figer le graphisme des ombres en forêt, de tirer parti des ébats d’un chien ou des traces d’animaux dans la neige.
Nul besoin pour autant de sortir de chez soi si le temps n’y incite pas. Le premier mois de l’année sera aussi le moment de créer dans son intérieur des images originales à partir des formes et des couleurs des objets qui nous entourent en s’essayant à une forme de photographie abstraite : songeons aux surprenants effets produits par la lumière à travers le verre.
Chaque saison, chaque mois réserve d’agréables surprises au photographe. Il suffit de les découvrir
Tom Ang
Tel est le schéma de cet ouvrage, qui regorge d’images joliment colorées dans une mise en page assez touffue. Le livre appartient donc au genre de ceux qu’on ira rechercher dans sa bibliothèque pour y puiser l’inspiration selon les jours plutôt que des manuels à emporter sur le terrain. Il s’agit de la traduction adaptée d’un livre paru au Royaume-Uni en 2013, dont une première édition française avait été publiée la même année chez Pearson.
(*) Photographier mois après mois. Une année de pratique photo. Tom Ang. Editions Eyrolles. Relié, 360 pages, format 19,5 x 23,5, 29,90 €.
« Etre photographe ne se résume pas seulement à produire des images ». Comment ne pas souscrire à ce propos, point de départ d’un ouvrage on ne peut plus instructif que rééditent les Editions Eyrolles (*). Son auteur, Gildas Lepetit-Castel, est un formateur et professionnel de l’image qui a notamment publié L’Inspiration en photographie. L’ouvrage réédité a pour objet de nous expliquer par le menu comment concevoir son livre de photographe, de l’éditing à l’impression en passant par la mise en pages. Il s’adresse en priorité aux photographes désireux de s’impliquer personnellement dans cette réalisation en sollicitant un imprimeur qui les assistera à des degrés divers.
Gildas Lepetit-Castel a lui-même auto-publié des livres et accompagné des photographes dans un tel projet. Passionné par l’édition comme par d’autres domaines, il nous présente un guide pratique dans lequel il expose toutes les étapes de la conception d’un livre de photographie que vous pourrez offrir et vouloir diffuser sur le marché. Il ne cache pas que ce type de projet requiert pas mal de labeur et d’énergie et qu’il prend forcément du temps. Chacun ne pourra que suivre son propre rythme. A titre d’exemple seulement, l’auteur envisage un planning de six mois, depuis la sélection des images jusqu’au bon à tirer (BAT), à la réception des copies et au dépôt en librairie.
Le sujet et le public du livre étant défini, on suit donc par le menu les différentes étapes, en commençant au besoin par une numérisation correcte. Le rassemblement de fichiers numériques permettra alors de penser utilement la maquette et la mise en page: choix du format, dimensions et nombre de pages, équilibre des éléments dans chacune des pages, couverture. Et puis d’aborder, de bien comprendre et de trancher toutes les questions que soulève le texte dont le choix d’une police de caractères, les mentions légales et les légendes.
On apprend à dresser et établir une demande de devis selon la qualité du livre, à choisir le type d’impression, la reliure, les vernis et le conditionnement. Il importe de savoir ce qu’il est permis ou non d’attendre de l’imprimeur: il faut savoir préparer correctement ses photos pour l’impression afin d’éviter les mauvaises suprises. Des interviews de professionnels de l’édition, de l’impression ou de la diffusion apportent les éclairages utiles et soulignent à quel point la réussite du projet commandera d’être bien conscient des responsabilités respectives de l’auteur-photographe et de son imprimeur.
Le sérieux dans l’implication s’impose à chaque stade, y compris dans la correction des épreuves, dans le dialogue à et avec l’imprimerie, et enfin dans les démarches commerciales pour vendre son produit fini, ce rêve enfin devenu réalité. Outre le désir de laisser une trace, la conception d’un livre de photographie telle que présentée par Gildas Lepetit-Castel est un véritable acte de création. Un aboutissement, en somme.
A nous de jouer.
(*) Concevoir son livre de photographie. Editing. Mise en page. Impression. 2è édiion. Gildas Lepetit-Castel. Editions Eyrolles. Broché, 190 pages, format 17×21, 26 €
Logiciel de prédilection des photographes, Lightroom est un logiciel évolutif. Les nouvelles fonctionnalités de Lightroom Classic, qui viennent d’être dévoilées cet automne et notamment la sélection automatique du ciel ou du sujet, rapprochent sans doute quelque peu le logiciel de Photoshop. Elles exigent des utilisateurs une certaine disponibilité à vouloir s’adapter pour tirer pleinement profit des outils, même si les aménagements ne sont jamais radicaux. On pourrait penser que ces versions successives rendent assez rapidement obsolètes ou incomplets certains supports utilisés pour se former. Si l’on en juge par le nombre des ouvrages consacrés aux logiciels les plus courants, nombreux pourtant restent les amateurs désireux de trouver dans un livre les moyens d’améliorer leurs images et leur créativité.
Scott Kelby, dont les activités couvrent la formation, l’enseignement et l’édition, est l’auteur de plus de cent ouvrages traduits en une douzaine de langues. On se souviendra notamment de son « tout en un » sur la photographie numérique. Il partage à présent, dans une nouvelle publication des Editions Eyrolles (*), sa méthode de travail pour traiter ses images grâce aux outils de Lightroom.
En dépit du titre choisi pour la traduction de ce livre, le système en sept points-clés ou étapes exposé par Kelby s’applique également à la version cloud de Lightroom. On tiendra simplement compte du fait que certaines fonctions ne sont pas reprises sur le cloud ou ne sont pas désignées de la même façon. Ceci vaut, par exemple, pour les corrections de l’objectif. Comprenne qui pourra.
Les points-clés de la méthode Kelby sont ici appliqués par l’exemple au travers de 21 leçons proposées pour tous les genres photographiques: photo de paysage (vue sur mer, reflets sur un lac), intérieur patrimonial, portrait en extérieur et portrait de mariée, aviation, automobile, sport, architecture, etc. On précisera, si besoin est, que la méthode illustrée dans ce livre peut parfaitement s’appliquer pour les images en format JPEG, même si le choix d’un profil en RAW est le tout premier point (élémentaire, mon cher Watson) du flux de travail que recommande Kelby.
Tous les points-clés ne devront pas être appliqués pour chaque photo mais Kelby insiste bien pour que l’ordre des leçons soit respecté par son lecteur, même celles qui détaillent le post-traitement d’une image relevant d’un genre non pratiqué par lui. Chaque leçon, fait valoir Kelby, inclut en effet des astuces qui serviront dans les suivantes. Suivez bien le guide, par conséquent. Il s’agit, somme toute, d’assimiler par la répétition certaines habitudes de traitement, pas de découvrir des fonctionnalités cachées ou moins évidemment accessibles du logiciel.
Le livre aborde Photoshop dans ses deux dernières leçons puisque Lightroom a été conçu pour collaborer avec Photoshop. En revanche, il n’aborde ni le catalogage ni les autres volets de Lightroom Classic comme le diaporama, l’impression ou la publication sur le web.
Qu’est ce qui fait dès lors la spécificité de ce livre? Scott Kelby se veut différent et joue les modestes en partageant des images imparfaites telles qu’elles sont sorties de son appareil. Il est vrai qu’un photographe réputé aura tendance à montrer son travail fini plutôt que ses images originales. Mais c’est naturellement le propre d’une telle démonstration par l’exemple de partir d’une photographie insatisfaisante en soi pour guider l’élève dans les étapes du processus en montrant l’impact des corrections successives.
Comme à son habitude, notre ami Scott ne peut s’empêcher d’émailler son propos de quelques plaisanteries plus ou moins fines qui n’apportent pas grand-chose à l’ouvrage. Autre petit bémol: un suivi des étapes de post-traitement en version livresque ne permet pas toujours d’observer clairement les corrections effectuées sur l’image, qui sont moins perceptibles qu’à l’écran. Scott a toutefois poussé la bonté jusqu’à permettre à ses lecteurs de télécharger les photos utilisées dans ce livre. Un bon point pour lui.
Le but est bien sûr de faire ensuite travailler le lecteur sur ses propres images, en étant conscient que si la méthode doit permettre de faire, à partir de photos simplement correctes, des images qui sortiront du lot, ni Lightroom ni un autre logiciel ne fera jamais de miracle à partir d’une photo ratée. Tout se joue dès la prise de vue, on ne le répétera jamais assez.
(*) Lightroom Classic. La méthode de Scott Kelby. Editions Eyrolles, 264 pages, broché, format 20x25, 27€ (18,99€ en version numérique).
D’autres parutions récentes chez Eyrolles:
Photo lumière. 52 défis. Dans une collection à petit prix dont nous avons déja présenté d’autres titres consacrés à la photo de paysage, à la photo de voyage et à la photo de nature, un nouvel ouvrage pour apprendre à jouer avec la lumière, créer une atmosphère et partager ses émotions. Un format destiné aux amateurs désireux d’essayer de nouvelles choses et de trouver — pourquoi pas au hasard? — des incitations à développer leur créativité sans entrer dans les détails de la technicité. Auteur: Anthony Zacharia, Editions Eyrolles, 128 pages, broché, 12,90€.
Photographe de mariage. Pour le meilleur et pour le pire. Après l’art du portrait corporate, Eyrolles met sur le marché un autre livre à destination de ceux qui veulent vivre de la photo dans un créneau spécialisé. La photo de mariage, un service autrefois dispensé essentiellement par les magasins photo, a bien évolué. Le matériel du photographe, les attentes et la mentalité des clients aussi. Cet ouvrage ne vous cachera rien de ce qui fait aujourd’hui un bon photographe de mariage. Il vous expliquera comment saisir les moments magiques et savoir gérer les aspects les plus difficiles et les plus délicats des prestations. Complet, soigné et résolument pratique, ce « livre coach » contient aussi des témoignages et des exercices proposés par un professionnel qui partage aussi ses conseils et son éxpérience sur You Tube et son site. Auteur: Sébastien Roignat. Editions Eyrolles, 240 pages, broché, 25€.
Rares sont les adeptes de la photographie artistque qui peuvent se permettre de vivre de leur passion. Pratiquant une photographie commerciale, ils ont recours à des techniques qui peuvent également s’appliquer en dehors d’une activité professionnelle. Ainsi en est-il du storytelling, cet art de raconter des histoires.
Finn Beales a rencontré le succès en pratiquant la photographie de voyage, de ‘lifestyle » et la photographie commerciale. Adepte enthousiaste d’Instagram où il revendique 600,000 abonnés, il a déjà appliqué son style de photographie cinématique s’appuyant sur la narration au service de nombreuses marques d’envergure internationale telles Omega, Cartier, Apple ou encore des firmes automobiles comme Nissan, Land Rover ou Mazda. Il a également assuré la promotion touristique de plusieurs régions dont le Pays de Galles où il réside.
Beales est sans doute un parfait exemple d’une génération de créatifs s’appuyant sur internet et sur les réseaux sociaux pour construire leur carrière et leur vie. Fort de son succès, il a mis sur pied à l’invitation de son complice Alex Strohl un atelier à destination d’élèves (anglophones, précisons-le) désireux d’apprendre à construire une narration en images.
La méthode de Beales se décompose en cinq étapes, de la présentation à la livraison du produit en passant par la préparation d’un projet, la prise de vue et l’édition.
C’est la version livresque de cet atelier et de cette méthode de travail consignée dans une publication au Royaume-Uni que nous propose en traduction française la maison Eyrolles (*). Dans cet ouvrage, Beales reprend tout d’abord les fondamentaux, soit l’équipement nécessaire et les qualités d’une bonne image, avant de décomposer le processus de création d’une série photographique qui se voudra captivante pour son audience et le client potentiel du photographe. Chaque section de ce livre contient des exercices présentant les techniques essentielles, des idées de projets pour stimuler leur créativité avec des astuces et des exemples concrets.
Si la technologie ne cesse d’évoluer et si les modes changent, Beales, cet utilisateur d’applications qui admet avoir utilisé son iPhone pour de nombreuses illustrations de ce livre, prend pourtant soin d’avertir que suivre la mode est la meilleure façon de produire des clichés vides: « Je peux vous expliquer des techniques narratives mais je ne peux pas changer votre personnalité », écrit-il.
Un livre et une méthode destinés également aux amateurs mais surtout, nous semble-t-il, aux futurs professionnels désireux de séduire et de gagner en influence afin de proposer et vendre leurs services.
(*) Le storytelling en photographie. Finn Beales. Préface Alex Strohl. EditionsEyrolles. Broché, 176 pages, format 17×23 cm, 21 €.