Photographaphe spécialisée dans le tourisme, Amélie Amiot partage sur son blog son « appétence particulière pour les belles images ». Son activité lui a valu de remporter le prix du Carnet de voyage numérique à la Biennale de Clermont-Ferrand de même qu’un prix récompensant le meilleur blog de voyage français. Elle publie chez Eyrolles un Guide photo pour les voyageurs (*).
Un préambule assez long s’attache à la préparation du voyage (le type de photos recherché, les repérages, les interdits) et à la sélection du matériel et des accessoires, y compris le choix du sac. L’ouvrage se penche alors sur la photo de paysage, première composante, simple et compliquée à la fois, de la photo de voyage: choix des focales, attention à la lumière et aux conditions méteo, composition, respect ou non de la règle des tiers, réalisation d’une photo en pose longue.
Mais le voyageur-photographe voudra aussi fixer des visages, des sourires et des regards, ce qui soulève la question du comportement: être au bout du monde ne doit jamais faire oublier le respect, sachant qu’un bon portrait peut fort bien découler d’une belle rencontre ou d’un sourire partagé. Amélie Amiot partage trucs et astuces pour les situations souvent rencontrées en voyage (photographier depuis la fenêtre d’une voiture ou d’un train), donne quelques pistes pour photographier les animaux, exotiques ou non, ou encore pour mettre en valeur un monument ou un site plus ou moins fréquenté (en évitant les touristes ou en les effaçant des images).
Comme son titre l’indique, ce petit livre s’adresse au voyageur désireux de ramener de belles et bonnes images plutôt qu’au photographe averti ou spécialisé. Il est illustré de vignettes nombreuses mais forcément petites car le format du livre se veut essentiellement pratique. Et de conclure qu’une bonne photo de voyage sera souvent le produit d’une alliance entre un beau lieu ou une belle histoire et des qualités techniques avec le petit « truc en plus » provenant de l’émotion dégagée.
(*) Guide photo pour les voyageurs. Aurélie Amiot. Editions Eyrolles. Broché, 176 pages, format 15 x 19. 18 €.
Elle est autrice, scénariste et vidéaste; il est photographe, explorateur dans l’âme et il aime les défis. Ils sont jeunes, forment un couple et ils ont pour eux deux un projet. Ils décident, en septembre 2019, de s’offrir une parenthèse dans leur vie quotidienne. Alors ils font leurs bagages et quittent la région parisienne pour un périple de plus de 36,000 kilomètres. Ils emportent seulement deux gros sacs à dos de voyage et deux sacs plus légers pour le matériel informatique et photographique. En 36 étapes, Samantha Bailly et Antoine Fesson vont parcourir trois pays, le Canada, les Etats-Unis et le Japon, engrangeant des souvenirs inoubliables. Comment pourraient-ils soupçonner que peu après leur retour en Europe une épouvantable pandémie rendra bientôt ce genre de voyage impossible pendant longtemps? Samantha et Antoine avaient heureusement tenu un carnet de voyage en mots et en images. Leur journal de bord vient de paraître aux Impressions Nouvelles (*).
Ce voyage, ils l’ont préparé depuis des mois avec l’envie de découvrir à l’étape des lieux « inspirants et originaux », de passer les nuits dans une maison minuscule nichée en pleine forêt, dans une yourte ou dans une chambre chez l’habitant mais à l’écart des circuits touristiques. Les étapes sont donc fixes mais le reste est fait de libertés et d’ouvertures en s’autorisant des surprises selon les impulsions du moment. Samatha raconte et consigne leurs impressions tandis qu’Antoine « chasse les lumières », son Olympus en main. Elle note — ce n’est pas nous qui la contredirons– que « la photographie, c’est une histoire de patience, de bon moment et de poésie dans le regard ».
L’aventure se présente comme une suite de constellations. La première, le Canada, est celle de l’euphorie des débuts et de la soif de la découverte. Après l’arrivée à Montréal, transition parfaite, de grands espaces s’offrent aux deux amoureux mais aussi des petits coins de paradis insoupçonnés avant ou après la traversée d’un parc naturel où les animaux sont en liberté et où les humains sont en cage. La deuxième constellation, la côte est des Etats-Unis, va de pair avec un retour aux réalités que les voyageurs ont laissées derrière eux. Il faut (re)composer avec la vie en milieu urbain mais aussi avec les soucis comme ce vol d’une batterie qui empêche le photographe de fixer leurs souvenirs pendant quelque temps. Vient ensuite un périple sur la côte Ouest et l’expérience de la vie nomade en van, nouvelle succession d’émerveillements devant la nature, les beautés grandioses et brutes des canyons et des parcs nationaux. Même les aléas du voyage (un van bien ensablé) sont des occasions de rencontres et de leçons de vie.
Au Japon, quatrième et dernière constellation, le couple passe par Tokyo et Kyoto mais reste décidément en dehors des sentiers battus comme pour ce séjour chez un moine très étrange dont les enseignements se révêlent grâce à l’observation et aux gestes plutôt qu’à travers son langage difficile à appréhender. Au Japon, où la politesse est un art de vivre, les repères ne fonctionnent pas de la même façon. Il y a des loisirs dans lesquels l’individu se perd — pas vraiment certain que le jeu vidéo soit « sans aucun doute », comme on le lit ici, « le bien culturel qui a connu le plus grand essor au XXè siècle ». Mais le plus important se révèle: cette quatrième et dernière constellation apprend aux jeunes gens à porter une autre attention à leur monde intérieur et aux rapports aux autres avant de franchir un pas décisif dans leur vie de couple.
Comme l’explique Samantha, l’expérience du grand voyage et celle de la confection du livre pendant le confinement ont procuré aux auteurs un même sentiment de se trouver dans un espace-temps sans repère ni chronologie, comme disloqué. Dans les deux cas, ils y ont gagné quelque chose et le voyage a permis de renverser quelques perspectives sur ce qui fait ou devrait faire l’essentiel d’une vie. Sans être parfait (nous avons noté pas mal de coquilles), ce récit en texte et en images touche par sa sincérité.
(*) Parenthèse. Carnet de voyage de Montréal à Okinawa. Samantha Bailly & Antoine Fesson. 288 pages, format 17×24, broché. 28€. En librairie.