Photographier tout au long de l’année avec Tom Ang

© Editions Eyrolles


Voici déjà, à l’approche des fêtes, un livre destiné aux amateurs en panne d’inspiration ou désireux de trouver, au fil de l’an, de nouveaux sujets pour une pratique créative de la photographie. Photographier mois après mois, sous-titré Une année de pratique photo (*), ne s’embarasse pas trop de jargon mais contient un peu de technique tout en multipliant les propositions, quels que soient votre matériel, la couleur du ciel ou les conditions d’éclairage.

Surnommé le « photographe au chapeau mou », Tom Ang est un homme polyvalent, aussi à l’aise dans une séance photo classique que dans l’animation d’émissions de télévision sur une chaîne de la BBC. Né à Singapour en 1952, ce spécialiste de la photographie de voyage et notamment de l’Asie centrale, est un Ambassadeur pour Sony Digital Imaging.

© https://tomang.com/about-me/
Tom Ang, « le photographe au chapeau mou »

Basé aujourd’hui en Nouvelle-Zélande, Tom Ang est l’auteur de nombreux d’ouvrages sur la prise de vue et la retouche d’images numériques. Son Digital Photographer’s Handbook a fait l’objet de publications en une vingtaine de langues. On pourra consulter en édition française Le guide de la photo numérique et Toutes les techniques de la photo numérique.

Pour chaque mois, Ang nous suggère ici, à raison d’une double page par proposition, une douzaine de sujets ou de thèmes à explorer. Janvier, par exemple, devrait permettre de photographier les formations de glace, les beautés du givre et de ses effets magiques sur un paysage, le foliage ou une boîte aux lettres. C’est aussi l’occasion de figer le graphisme des ombres en forêt, de tirer parti des ébats d’un chien ou des traces d’animaux dans la neige.

Nul besoin pour autant de sortir de chez soi si le temps n’y incite pas. Le premier mois de l’année sera aussi le moment de créer dans son intérieur des images originales à partir des formes et des couleurs des objets qui nous entourent en s’essayant à une forme de photographie abstraite : songeons aux surprenants effets produits par la lumière à travers le verre.

Chaque saison, chaque mois réserve d’agréables surprises au photographe. Il suffit de les découvrir

Tom Ang

Tel est le schéma de cet ouvrage, qui regorge d’images joliment colorées dans une mise en page assez touffue. Le livre appartient donc au genre de ceux qu’on ira rechercher dans sa bibliothèque pour y puiser l’inspiration selon les jours plutôt que des manuels à emporter sur le terrain. Il s’agit de la traduction adaptée d’un livre paru au Royaume-Uni en 2013, dont une première édition française avait été publiée la même année chez Pearson.

(*) Photographier mois après mois. Une année de pratique photo. Tom Ang. Editions Eyrolles. Relié, 360 pages, format 19,5 x 23,5, 29,90 €.

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Un rêve de photographe : composer et publier son livre

« Etre photographe ne se résume pas seulement à produire des images ». Comment ne pas souscrire à ce propos, point de départ d’un ouvrage on ne peut plus instructif que rééditent les Editions Eyrolles (*). Son auteur, Gildas Lepetit-Castel, est un formateur et professionnel de l’image qui a notamment publié L’Inspiration en photographie. L’ouvrage réédité a pour objet de nous expliquer par le menu comment concevoir son livre de photographe, de l’éditing à l’impression en passant par la mise en pages. Il s’adresse en priorité aux photographes désireux de s’impliquer personnellement dans cette réalisation en sollicitant un imprimeur qui les assistera à des degrés divers.

© Editions Eyrolles

Gildas Lepetit-Castel a lui-même auto-publié des livres et accompagné des photographes dans un tel projet. Passionné par l’édition comme par d’autres domaines, il nous présente un guide pratique dans lequel il expose toutes les étapes de la conception d’un livre de photographie que vous pourrez offrir et vouloir diffuser sur le marché. Il ne cache pas que ce type de projet requiert pas mal de labeur et d’énergie et qu’il prend forcément du temps. Chacun ne pourra que suivre son propre rythme. A titre d’exemple seulement, l’auteur envisage un planning de six mois, depuis la sélection des images jusqu’au bon à tirer (BAT), à la réception des copies et au dépôt en librairie.

Le sujet et le public du livre étant défini, on suit donc par le menu les différentes étapes, en commençant au besoin par une numérisation correcte. Le rassemblement de fichiers numériques permettra alors de penser utilement la maquette et la mise en page: choix du format, dimensions et nombre de pages, équilibre des éléments dans chacune des pages, couverture. Et puis d’aborder, de bien comprendre et de trancher toutes les questions que soulève le texte dont le choix d’une police de caractères, les mentions légales et les légendes.

On apprend à dresser et établir une demande de devis selon la qualité du livre, à choisir le type d’impression, la reliure, les vernis et le conditionnement. Il importe de savoir ce qu’il est permis ou non d’attendre de l’imprimeur: il faut savoir préparer correctement ses photos pour l’impression afin d’éviter les mauvaises suprises. Des interviews de professionnels de l’édition, de l’impression ou de la diffusion apportent les éclairages utiles et soulignent à quel point la réussite du projet commandera d’être bien conscient des responsabilités respectives de l’auteur-photographe et de son imprimeur.

Le sérieux dans l’implication s’impose à chaque stade, y compris dans la correction des épreuves, dans le dialogue à et avec l’imprimerie, et enfin dans les démarches commerciales pour vendre son produit fini, ce rêve enfin devenu réalité. Outre le désir de laisser une trace, la conception d’un livre de photographie telle que présentée par Gildas Lepetit-Castel est un véritable acte de création. Un aboutissement, en somme.

A nous de jouer.

(*) Concevoir son livre de photographie. Editing. Mise en page. Impression. 2è édiion. Gildas Lepetit-Castel. Editions Eyrolles. Broché, 190 pages, format 17×21, 26 €

Le post-traitement par l’exemple selon la méthode de Scott Kelby

Logiciel de prédilection des photographes, Lightroom est un logiciel évolutif. Les nouvelles fonctionnalités de Lightroom Classic, qui viennent d’être dévoilées cet automne et notamment la sélection automatique du ciel ou du sujet, rapprochent sans doute quelque peu le logiciel de Photoshop. Elles exigent des utilisateurs une certaine disponibilité à vouloir s’adapter pour tirer pleinement profit des outils, même si les aménagements ne sont jamais radicaux. On pourrait penser que ces versions successives rendent assez rapidement obsolètes ou incomplets certains supports utilisés pour se former. Si l’on en juge par le nombre des ouvrages consacrés aux logiciels les plus courants, nombreux pourtant restent les amateurs désireux de trouver dans un livre les moyens d’améliorer leurs images et leur créativité.

© Editions Eyrolles

Scott Kelby, dont les activités couvrent la formation, l’enseignement et l’édition, est l’auteur de plus de cent ouvrages traduits en une douzaine de langues. On se souviendra notamment de son « tout en un » sur la photographie numérique. Il partage à présent, dans une nouvelle publication des Editions Eyrolles (*), sa méthode de travail pour traiter ses images grâce aux outils de Lightroom.

En dépit du titre choisi pour la traduction de ce livre, le système en sept points-clés ou étapes exposé par Kelby s’applique également à la version cloud de Lightroom. On tiendra simplement compte du fait que certaines fonctions ne sont pas reprises sur le cloud ou ne sont pas désignées de la même façon. Ceci vaut, par exemple, pour les corrections de l’objectif. Comprenne qui pourra.

Les points-clés de la méthode Kelby sont ici appliqués par l’exemple au travers de 21 leçons proposées pour tous les genres photographiques: photo de paysage (vue sur mer, reflets sur un lac), intérieur patrimonial, portrait en extérieur et portrait de mariée, aviation, automobile, sport, architecture, etc. On précisera, si besoin est, que la méthode illustrée dans ce livre peut parfaitement s’appliquer pour les images en format JPEG, même si le choix d’un profil en RAW est le tout premier point (élémentaire, mon cher Watson) du flux de travail que recommande Kelby.

Tous les points-clés ne devront pas être appliqués pour chaque photo mais Kelby insiste bien pour que l’ordre des leçons soit respecté par son lecteur, même celles qui détaillent le post-traitement d’une image relevant d’un genre non pratiqué par lui. Chaque leçon, fait valoir Kelby, inclut en effet des astuces qui serviront dans les suivantes. Suivez bien le guide, par conséquent. Il s’agit, somme toute, d’assimiler par la répétition certaines habitudes de traitement, pas de découvrir des fonctionnalités cachées ou moins évidemment accessibles du logiciel.

© Scott Kelby, un formateur sur le terrain © KelbyOne

Le livre aborde Photoshop dans ses deux dernières leçons puisque Lightroom a été conçu pour collaborer avec Photoshop. En revanche, il n’aborde ni le catalogage ni les autres volets de Lightroom Classic comme le diaporama, l’impression ou la publication sur le web.

Qu’est ce qui fait dès lors la spécificité de ce livre? Scott Kelby se veut différent et joue les modestes en partageant des images imparfaites telles qu’elles sont sorties de son appareil. Il est vrai qu’un photographe réputé aura tendance à montrer son travail fini plutôt que ses images originales. Mais c’est naturellement le propre d’une telle démonstration par l’exemple de partir d’une photographie insatisfaisante en soi pour guider l’élève dans les étapes du processus en montrant l’impact des corrections successives.

Comme à son habitude, notre ami Scott ne peut s’empêcher d’émailler son propos de quelques plaisanteries plus ou moins fines qui n’apportent pas grand-chose à l’ouvrage. Autre petit bémol: un suivi des étapes de post-traitement en version livresque ne permet pas toujours d’observer clairement les corrections effectuées sur l’image, qui sont moins perceptibles qu’à l’écran. Scott a toutefois poussé la bonté jusqu’à permettre à ses lecteurs de télécharger les photos utilisées dans ce livre. Un bon point pour lui.

Le but est bien sûr de faire ensuite travailler le lecteur sur ses propres images, en étant conscient que si la méthode doit permettre de faire, à partir de photos simplement correctes, des images qui sortiront du lot, ni Lightroom ni un autre logiciel ne fera jamais de miracle à partir d’une photo ratée. Tout se joue dès la prise de vue, on ne le répétera jamais assez.

(*) Lightroom Classic. La méthode de Scott Kelby. Editions Eyrolles, 264 pages, broché, format 20x25, 27€ (18,99€ en version numérique).

D’autres parutions récentes chez Eyrolles:

Photo lumière. 52 défis. Dans une collection à petit prix dont nous avons déja présenté d’autres titres consacrés à la photo de paysage, à la photo de voyage et à la photo de nature, un nouvel ouvrage pour apprendre à jouer avec la lumière, créer une atmosphère et partager ses émotions. Un format destiné aux amateurs désireux d’essayer de nouvelles choses et de trouver — pourquoi pas au hasard? — des incitations à développer leur créativité sans entrer dans les détails de la technicité. Auteur: Anthony Zacharia, Editions Eyrolles, 128 pages, broché, 12,90€.

Photographe de mariage. Pour le meilleur et pour le pire. Après l’art du portrait corporate, Eyrolles met sur le marché un autre livre à destination de ceux qui veulent vivre de la photo dans un créneau spécialisé. La photo de mariage, un service autrefois dispensé essentiellement par les magasins photo, a bien évolué. Le matériel du photographe, les attentes et la mentalité des clients aussi. Cet ouvrage ne vous cachera rien de ce qui fait aujourd’hui un bon photographe de mariage. Il vous expliquera comment saisir les moments magiques et savoir gérer les aspects les plus difficiles et les plus délicats des prestations. Complet, soigné et résolument pratique, ce « livre coach » contient aussi des témoignages et des exercices proposés par un professionnel qui partage aussi ses conseils et son éxpérience sur You Tube et son site. Auteur: Sébastien Roignat. Editions Eyrolles, 240 pages, broché, 25€.

Un autre regard sur le Tour de France : quand la caravane passe

© Editions Cardère. Denis Lebioda

Le Tour de France déverse chaque année son abondant torrent d’images, fixes et animées. Parfois dramatiques et souvent spectaculaires comme lorsque le Tour emprunte la montagne, ces images contribuent depuis longtemps à la popularité de l’épreuve.

Adepte d’une photographie artistique et documentaire, Denis Lebioda vit et travaille dans les Hautes-Alpes. Il se définit comme un photographe de territoire, s’attachant à traduire en images le quotidien des habitants de sa région. Plutôt que le spectaculaire, c’est le banal et l’envers du décor qui l’intéressent. L’auteur-photographe aime citer cette phase de Philippe Soupault: « L’authentique pour moi, c’est ce qui est vrai, dans ce monde où tout est faux, conventionnel, accepté ».

N’ayant pas de passion particulière pour la petite reine, c’est en écartant l’idée de saisir en pleine action les efforts des géants de la route ou les aléas de la course que Denis Lebioda a braqué l’an passé son objectif sur le passage du Tour de France dans la vallée du Champsaur. Il l’a fait les yeux grands ouverts sur les à-côtés de la compétition, sur les installations préalables au fil du parcours de l’étape, et le moment venu sur les attitudes des habitants devant ce qui vient perturber mais aussi pimenter leur vie.

© Denis Lebioda

La caravane publicitaire fait patienter les curieux dans l’attente des coureurs dont la traversée d’un village se fera souvent en moins de deux minutes. Elle assure une bonne part du divertissement comme du financement de l’épreuve. Dans ce bourg comme dans bon nombre d’autres villages de la « France profonde », le passage du Tour sera sans doute l’événement de l’année. Mais en cette maudite année 2020, l’épreuve a été retardée pour cause de covid et la fête au village s’inscrit dans un contexte de distanciation sociale. La spontanéité n’est pas absente mais elle est forcément canalysée.

© Denis Lebioda

Denis Lebioda a opté pour le format carré et le monochrome, signalant de la sorte son refus du sensationnel pour traduire son propos et ses choix. Il traque le détail ou l’insolite dans les préparatifs et l’attente de la caravane publicitaire, s’attardant sur les signes avant-coureurs (c’est le cas de le dire) comme la mise en place des barrières de sécurité et de la signalétique. Il s’amuse des pancartes et des associations, il saisit les inscriptions et les drapeaux. Ses clichés montrent les saluts et les gestes de ses concitoyens qui se laissent gentiment porter par cet emballement temporaire et canalysé.

Denis Lebioda restitue cette atmosphère bon enfant grâce à un cocktail d’humour et de bienveillance. Sa vision du Tour de France a comme un parfum d’autrefois et son approche des hommes et de leur milieu de vie n’est pas sans rappeler celle d’un certain Robert Doisneau.

On pourra se procurer cet ouvrage sur le site des Editions Cardère, une maison d’édition avignonnaise normalement spécialisée dans les thèmes du pastoralisme et des sciences humaines. L’éditeur a récemment lancé la collection Regard d’ailleurs, qui entend s’ouvrir à « la photographie des mondes qui ont un retard d’avance ». Outre cet ouvrage, on pourra y découvrir le regard du photographe Christian Malon sur Venise à pas lents, des images argentiques en noir et blanc qui ont inspiré le poète Joseph Pacini .

Visiter le site de Denis Lebioda.

(*) La caravane passe. Photographies de Denis Lebioda, textes de Guillaume Lebaudy. Editions Cardère. collection Regard d’Ailleurs. Broché avec rabats, 88 pages, format 20×25, 28 €.

Raconter une histoire en images : la méthode de Finn Beales

© Editions Eyrolles

Rares sont les adeptes de la photographie artistque qui peuvent se permettre de vivre de leur passion. Pratiquant une photographie commerciale, ils ont recours à des techniques qui peuvent également s’appliquer en dehors d’une activité professionnelle. Ainsi en est-il du storytelling, cet art de raconter des histoires.

Finn Beales a rencontré le succès en pratiquant la photographie de voyage, de ‘lifestyle » et la photographie commerciale. Adepte enthousiaste d’Instagram où il revendique 600,000 abonnés, il a déjà appliqué son style de photographie cinématique s’appuyant sur la narration au service de nombreuses marques d’envergure internationale telles Omega, Cartier, Apple ou encore des firmes automobiles comme Nissan, Land Rover ou Mazda. Il a également assuré la promotion touristique de plusieurs régions dont le Pays de Galles où il réside.

Beales est sans doute un parfait exemple d’une génération de créatifs s’appuyant sur internet et sur les réseaux sociaux pour construire leur carrière et leur vie. Fort de son succès, il a mis sur pied à l’invitation de son complice Alex Strohl un atelier à destination d’élèves (anglophones, précisons-le) désireux d’apprendre à construire une narration en images.

La méthode de Beales se décompose en cinq étapes, de la présentation à la livraison du produit en passant par la préparation d’un projet, la prise de vue et l’édition.

C’est la version livresque de cet atelier et de cette méthode de travail consignée dans une publication au Royaume-Uni que nous propose en traduction française la maison Eyrolles (*). Dans cet ouvrage, Beales reprend tout d’abord les fondamentaux, soit l’équipement nécessaire et les qualités d’une bonne image, avant de décomposer le processus de création d’une série photographique qui se voudra captivante pour son audience et le client potentiel du photographe. Chaque section de ce livre contient des exercices présentant les techniques essentielles, des idées de projets pour stimuler leur créativité avec des astuces et des exemples concrets.

Si la technologie ne cesse d’évoluer et si les modes changent, Beales, cet utilisateur d’applications qui admet avoir utilisé son iPhone pour de nombreuses illustrations de ce livre, prend pourtant soin d’avertir que suivre la mode est la meilleure façon de produire des clichés vides: « Je peux vous expliquer des techniques narratives mais je ne peux pas changer votre personnalité », écrit-il.

Un livre et une méthode destinés également aux amateurs mais surtout, nous semble-t-il, aux futurs professionnels désireux de séduire et de gagner en influence afin de proposer et vendre leurs services.

(*) Le storytelling en photographie. Finn Beales. Préface Alex Strohl. Editions Eyrolles. Broché, 176 pages, format 17×23 cm, 21 €.

Découvrir la photographie avec David Bate

© Editions Flammarion

De nombreux ouvrages sur l’histoire de la photographie sont venus garnir les rayons des librairies ces dernières années. Certains s’inscrivent dans la catégorie « Beaux livres » mais d’autres sont d’un format et d’un coût plus modestes sans être superficiels pour autant.

Professeur de photographie à Londres, David Bate est un théorien reconnu dont les livres et les autres travaux critiques ou d’enseignement se penchent plus particulièrement sur les interactions entre l’image et la société. Les Editions Flammarion publient la version française d’un de ses ouvrages édité cette année au Royaume-Uni. « Découvrir la photographie » (*) s’appuie sur des exemples historiques représentatifs d’une tendance artistique ou d’une manière de documenter le réel ou d’appréhender les thèmes sociaux.

Depuis l’époque des pionniers jusqu’àux dernières formes d’expression, David Bate a choisi de retracer cette histoire à travers un choix de photographes, d’images et d’expositions, identifié(e)s comme emblématiques d’un jalon de l’histoire de la photographie ou d’un movement artistique renouvelant la façon d’appréhender le medium.

La sélection de Bate comprend quelques représentants majeurs comme Eugène Atget, Edward Steichen ou Robert Frank mais aussi des artistes moins connus comme certains Asiatiques ou comme le photographe pionnier afro-américain Augustus Washington, qui fut choisi comme portraitiste par son modèle John Brown. Ce dernier, meneur d’une campagne américaine anti-esclavagiste, sera pendu pour trahison en 1859. Son portrait, présenté dans un boîtier selon l’usage de l’époque pour les daguerréotypes, figure souvent dans les documentaires consacrés à cette figure historique de l’abolitionnisme. L’auteur du portrait, qui deviendra citoyen du Libéria, n’est pas toujours crédité pour autant.

Portrait de l’abolitionniste américain John Brown par Augustus Washington.
Daguerréotype, 1846-1847. Domaine public via Wikimedia Commons

Bate s’attache aussi à quelques épisodes marquants de l’aventure photographique comme la revue Camera Work et la Galerie 291 d’Alfred Stieglitz ou encore l’exposition The Family of Man, montée en 1955 par Steichen au Musée d’Art Moderne de New York (MOMA) et qui voyagera partout au point de compter le plus grand nombre de spectateurs après la Deuxième Guerre mondiale avant de trouver aujourd’hui une implantation permanente au Grand-Duché de Luxembourg.

L’ouvrage rend par ailleurs justice à plusieurs femmes photographes. A l’exception de l’inévitable Cartier-Bresson, de Brassaï (Hongrois d’origine) et de la plasticienne-sculptrice Annette Messager, il ne cite guère les Français mais on admettra qu’il y a bien d’autres livres pour cela .

Bate consacre ses derniers chapitres au post-modernisme et à la photographie d’art dite contemporaine (Jeff Wall, Hiroshi Sugimoto, Andreas Gursky, notamment). Il y rend compte d’une diversité grandissante et des nouvelles pratiques dans lesquelles la photographie devient une technique parmi d’autres au service d’un « concept » ou autre projet s’adressant à la réflexion du spectateur dans un environnement globalisé.

Le livre propose des lectures complémentaires ou ciblées pour chacun des grands mouvements, de même qu’un glossaire des termes de la photographie.

Cet ouvrage, qui peut ouvrir la voie à de multiples réflexions sur le rôle de la photographie, montre comment celle-ci n’a jamais cessé d’influencer la façon de voir le monde. Au-delà des mutations techniques, cette histoire-là se poursuit désormais dans un éclectisme culturel et à travers des approches qui ne sont pas toujours faciles à appréhender mais dans lesquelles la valeur marchande n’est pas absente.

Où se situent alors les limites de l’art photographique, à supposer que la question se pose encore? La photographie ne risque-t-elle pas de perdre son âme? C’est une autre histoire, que raconteront peut-être d’autres livres sur la photographie.

(*) Découvrir la photographie. David Bate. Editions Flammarion, collection L’art en poche. Broché, 176 pages, format 139×216 mm, 12€. Parution le 27/10/2021.

De Léonard Misonne à Volker Gilbert : maîtriser l’exposition

Waterloo Place. Une photographie de Léonard Misonne, 1899.
Domaine public.

« Le sujet n’est rien; la lumière est tout! » Cette affirmation, peut-être quelque peu catégorique, est aussi un peu datée: elle est attribuée à l’un des maîtres du pictorialisme, le photographe belge Léonard Misonne (1870-1943). Elle renvoie pourtant à l’essentiel et à ce que de nombreux photographes amateurs, dans les clubs ou ailleurs, négligent trop souvent.

© Editions Eyrolles

Les progrès de l’intelligence artificielle et de l’automatisation dans la conception des appareils photographiques permettent aujourd’hui de faire sans difficulté et de partager sans attendre avec le monde entier des images correctement exposées. Il n’empêche qu’une bonne exposition implique toujours de faire parvenir sur la surface sensible (le capteur, autrefois le film) la quantité de lumière nécessaire pour représenter le sujet. L’exposition doit permettre de traduire notre sensibilité artitstique.

La qualité de la lumière intervient elle aussi de manière essentielle en révélant ou en dissimulant couleurs, formes et textures selon le propos du photographe. Le numérique n’a pas bouleversé ces données fondamentales de l’acte photographique.

Avec Les secrets de la lumière et de l’exposition (*) qui fait l’objet d’une nouvelle édition chez Eyrolles, Volker Gilbert, photographe, expert et formateur bien connu des lecteurs du Monde la Photo, souhaite nous aider à reprendre le contôle de l’exposition en passant en revue les fondamentaux de la prise de vue et du post-traitement.

Gilbert part donc des trois paramètres qui constituent le fameux triangle d’exposition (l’ouverture, le temps de pose et la sensibilité) avant d’examiner les propriétés de la lumière. Le livre entre alors dans les rouages de la capture numérique et de la mesure de la lumière, des modes de mesure aux modes d’exposition, Il aborde des notions telles que le taux de contraste et la plage dynamique, la sensibilité et le bruit numérique, les formats de fichiers. Il nous apprend à interpréter l’histogramme, à utiliser les filtres pour contrôler la quantité de lumière et à maîtriser les contrastes. Gilbert nous propose ensuite des études de cas d’exposition avant de nous guider assez longement dans le post-traitement et les manières d’ajuster l’exposition a posteriori.

Assurément concret, le livre se veut aussi complet avec des annexes dont un glossaire des termes techniques ainsi qu’une liste d’autres ouvrages pour les curieux désireux d’approfondir certains domaines ou procédes. Gilbert a poussé l’élégance — on applaudit — jusqu’à renvoyer vers d’autres auteurs et d’autres éditeurs.

Cet ouvrage devrait encourager ses lecteurs à s’interroger sur le rendu qu’ils souhaitent obtenir et à utiliser les bonnes techniques pour parvenir à leurs fins. Il devrait les convaincre de développer leur sensibilité à la lumière (et donc à l’ombre aussi) et de ne pas se contenter d’apprécier la lumière d’une manière seulement quantitative.

Léonard Misonne. Près du moulin. Années 1910. Domaine public

Car la lumière ne doit pas seulement exister en quantité suffisante; elle doit aussi, comme ci-dessus chez notre cher Léonard Misonne, servir le propos de l’image et de l’artiste-photographe.

Sans lumière, il n’y a pas vraiment photo!

On signalera à cette occasion que dans la même collection Secrets des photographes ont déjà paru en cette même année 2021 chez Eyrolles:

(*) Les secrets de la lumière et de l’exposition. Visualisation – Réglages – Prise de vie – Post-traitement. Volker Gilbert. 2è édition. Edition Eyrolles. Collection Secrets des photographes. Broché, 236 pages, format 17×23 cm, 26€.

L’art du portrait corporate avec Milena Perdriel

Portraitiste à Paris, Milena Perdriel inaugure une nouvelle collection des Editions Eyrolles avec un ouvrage consacré au marché et à la pratique de la photo de portrait pour des professionnels, autrement dit le « portrait corporate » (*). Son livre fait le choix de ne pas s’attarder sur les aspects techniques d’une séance pour un usage professionnel, nous épargnant les explications que les intéressés maîtrisent déjà ou trouveront aisément par ailleurs.

Plutôt que des plans d’éclairage, Milena Perdriel partage donc par le menu le script de ses prestations, depuis le contact initial avec ses clients divers (dirigeants, employés, indépendants, personnes en recherche d’emploi) jusqu’au traitement et à la livraison des images. Bien structuré et s’appuyant sur une maquette agréable dosant parfaitement texte et illustrations, son livre décline d’abord les catégories de clients selon leurs sollicitations et besoins de même que les types de portraits. Il aborde les questions habituellement soulevées par la clientèle tout comme celles qu’il convient, pour s’épargner des mauvaises surprises, de soulever avant la séance et auxquels le futur modèle ne pense pas forcément.

La porte du studio s’ouvre alors pour le déroulé d’une séance avec des modèles-types aux profils variés auxquels la photographe suggère des poses, tenues, accessoires et cadrages destinés à rencontrer leurs attentes en fonction de la destination finale des images et de leurs cibles. Qu’il s’agisse d’illustrer le site internet d’une entreprise commerciale, de mettre en valeur un individu ou une équipe pour une publication dans la presse ou tout autre contenu visuel à des fins de communication, le portrait corporate obéit forcément à d’autres lois que le portrait personnel et artistique.

S’il s’adresse naturellement en priorité aux photographes professionnels ou aux candidats à l’exercice de cette activité, cet ouvrage contient des enseignements pour les autres passionnés du portrait photographique, notamment quand il traite des types de portrait, de l’atmosphère d’une séance et de la relation entre le photographe et son sujet. Toujours concret, le livre montre à quel point chaque rencontre autour d’un portrait doit être abordée avec un mélange de délicatesse, de savoir et d’énergie. Bien appliquées, ces valeurs feront du résultat final un travail qui mettra en valeur la personnalité de la personne photographiée en lui apportant autant qu’au ou à la photographe une satisfaction non seulement professionnelle mais aussi personnelle.

Avec ce détour dans les coulisses du portrait professionnel, Milena Perdriel nous présente un plaidoyer honnête et convaincant pour sa spécialité.

(*) Portrait corporate. De l’accueil du client à la sélection des images, le déroulé d’une séance photo. Milena Perdriel. Editions Eyrolles, collection Ma séance photo. Broché, 142 pages, format 17X20, 25 €.

A signaler également la deuxième parution dans cette même collection:

Ma séance photo: Sublimer la femme enceinte. Dans ce cas c’est Emilie Zangarelli qui ouvre les portes de son studio pour une autre spéciaité, la photographie de (future) maternité. Comment révéler la beauté et conserver la trace du corps qui porte la vie. Un guide qui lève le voile, porté par des valeurs d’émotion et d’élégance.

Editions Eyrolles, broché, 160 pages, 25 €.

Trouver des sujets dans notre quotidien avec Harald Mante

Après la publication, il y a un an, de son ouvrage de référence dédié à la théorie des couleurs, les Editions Eyrolles diffusent un autre livre d’Harald Mante (*). Ce photographe, designer et profes­seur allemand issu du Bauhaus, âgé aujourd’hui de 85 ans, exerça une grande influence sur la photographie couleur, en particulier mais pas seulement dans son pays. La nouvelle parution est la refonte d’un ouvrage édité il y a 25 ans sous le titre Motive kreativ nutzen (Utiliser des sujets de manière créative), plus explicite au demeurant que le titre en français.

© Editions Eyrolles

Avec sa compagne, la sculptrice Eva Witter, Mante a remis l’ouvrage sur le métier, muni, nous dit-on en préface, d’un petit boîtier numérique et d’un smartphone afin de renouveler complètement les illustrations. Ceci nous vaut plus de 400 images à l’appui de courts textes qui nous invitent à puiser dans tout ce qui nous entoure des « motifs » (entendez des sujets) à photographier. Mante nous incite à garder les yeux ouverts, à aiguiser notre regard pour faire de ces « motifs », à priori banals, des images créatives.

Tout commence donc par la reconnaissance du sujet et se fonde sur le principe selon lequel « vous ne pouvez reconnaître que ce que vous connaissez déjà ». Mante a l’ambition de nous faire découvrir de nouveaux points de vue en trouvant matière partout: fenêtres factices, maisons mitoyennes dont les couleurs présentent un contraste, voitures en stationnement, mannequins en vitrine, cadre à l’intérieur du cadre, reflets et architecture en miroir, et même…toilettes publiques.

Une certaine banalité transparaît aussi dans les textes de l’ouvrage (« une ligne verticale divise l’image en deux parties, gauche et droite ») et la réactualisation de l’écrit ne va pas sans l’énoncé de quelques évidences: partant du constat qu’en raison des réseaux sociaux, « le délai entre la création d’une photo et sa diffusion est devenu très bref » et que « la plupart des sujets sont devenus quelque peu ordinaires », il faudra forcément trouver « des interprétations et associations nouvelles ».

Ce livre, dont le didactisme peut ou non s’apprécier selon votre sensibilité, permet par ailleurs de réfléchir sur la présentation d’une séquence photographique, depuis la paire d’images jusqu’aux séquences beaucoup plus longues. Mante nous présente ses propres séries comme celles réalisées à quatre mains, qui sont sans doute les plus originales. Un exemple: les deux partenaires, lors de la visite d’un château, utilisent exceptionnellement cette fois-là des appareils argentiques et notent que certains détails se chevauchent dans la mémoire. D’où le recours au procédé classique de la surimpression pour fusionner leurs vues de l’intérieur et de l’extérieur du château en une seule image. Et là alors, c’est vrai, nous sommes bluffés.

(*) La photo. Composition et motif. Harald Mante, Eva Witter. Adapté de l’allemand par Volker Gilbert. Editions Eyrolles. Cartonné, 190 pages, format 27×26, 28€.

La photo de paysage en 52 défis

Continuer à apprendre, suivre de nouvelles envies, avoir d’autres projets: tel sera toujours le meilleur moyen, en photographie comme ailleurs, de stimuler sa créativité. Pour renouveler sa pratique, essayer des techniques différentes, en un mot pour progresser, rien de mieux que de se fixer de nouvelles missions. Les livres et manuels de photographie peuvent comme toujours nous venir en aide et ceci vaut aussi à l’intérieur même d’un domaine particulier. Un petit ouvrage publié par les Editions Eyrolles (*) dans la collection des 52 défis nous propose d’élargir notre horizon dans le domaine de la photographie paysagère.

© Editions Eyrolles

Sans vous encombrer de technique et sans entrer dans les détails (la collection se décline dans un format modeste et à prix doux) , le livre se veut guide d’inspiration. Certaines propositions sont assez simples (changer de point de vue, photographier au ras du sol ou d’un emplacement élevé) ou plutôt convenues (briser les règles, saisir les contrastes). D’autres sont moins courantes (jouer avec l’infrarouge) ou dans l’air du temps comme le recours à la technique du light painting, prisée par les utilisateurs d’une lampe torche pour illuminer subtilement (à vérifier) leur sujet.

Nos préférences personnelles parmi ces propositions nous portent vers les classiques: se lever tôt, utiliser un temps de pose d’une seconde ou plus, et puis tout ce que peuvent offrir les bords de mer, que les vagues soient déchaînées ou qu’elles portent à ralentir le mouvement et à créer le flou. S’agissant du paysage, bon nombre de ces défis supposent l’utilisation d’un trépied ou d’un filtre (polarisant, de densité neutre ou coloré).

Les derniers défis ne valent pas seulement pour les paysages: créer une plate-forme pour présenter ses images, ne pas laisser les meilleures de celles-ci sur un disque dur ou dans un téléphone mais les tirer ou les faire tirer. Avec une évidence, qui sonne comme un paradoxe à l’heure des smartphones et du « tous photographes »: le tirage est bien plus accessible aujourd’hui qu’au temps de l’argentique.

Comme pour la photo de voyage, la photo de nature et les autres ouvrages de cette série, nul besoin bien sûr de relever tous ces défis dans l’ordre. Le principe du livre est d’y puiser une idée ou une technique selon la situation, le sujet ou l’envie du moment. L’important est de faire des expériences sans craindre de faire des erreurs. Et de suivre le conseil final des auteurs: amusez-vous!

(*) Photo de paysage. Collection 52 défis. Ross Hodindod & Mark Bauer. Editions Eyrolles. Broché, 128 pages, format 14 x 21; 12,90 €.

D’autres idées pour l’été

Photographier les oiseaux:

© Editions Eyrolles

Nouvelle parution dans la collection Secrets de photographe (Editeur/ Eyrolles), un ouvrage d’Erwin Balança nous aide à comprendre le comportement des oiseaux pour se lancer dans une pratique délicate. Un domaine de la photo dans lequel les progrès dans les performances du matériel photographique ont certainement contribué à la prolifération d’images spectaculaires, dans les clubs et concours photo notamment. Observer et photographier ces créatures merveilleuses sont toutefois deux choses différentes. Ce livre contient des conseils de terrain et de prise de vue pour saisir nos amis à plumes, farouches ou non, dans les parcs ou sur le littoral. Le tout dans le respect impérieux d’une règle d’or: ne pas déranger l’oiseau.

La même collection s’était déjà enrichie cette année d’ouvrages sur les secrets de l’astrophoto, des anciens procédés alternatifs, et même de la photo de boudoir. Dans ce dernier livre, Hélène Dourland partage son expérience pour qui voudra aborder avec délicatesse ces séances un peu particulières, dans lesquelles « la relation avec le modèle est au coeur du lâcher-prise qui conduit à des images authentiques ».

Occuper les enfants:

© Editions Eyrolles

Envie d’emmener votre progéniture ou les participants à un stage à la découverte des secrets et mystères de la photographie? Avec « Mission Photo« (Editions Eyrolles, 18 €), Anne-Laure Jacquart, dont les livres ont ravi bien des amateurs, met ses qualités pédagogiques au service des plus jeunes. Elle guide ici les enfants à travers leurs parents, grands-parents, animateurs ou autres dans la joyeuse aventure de l’image, du cadrage à la composition.

La photographie, c’est un autre secret, est un jeu d’enfant.

L’été est là et le moment est venu de faire une pause. Et peut-être, du moins pour moi, de réfléchir à l’orientation de ce blog.

Bonnes vacances et belles photos!